Une vie dans des pages

dimanche 31 mai 2015

"Dérapages" Danielle Thiéry (Editions Versilio)

http://www.amazon.fr/gp/product/2361321289/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2361321289&linkCode=as2&tag=blogpassthri-21&linkId=MSH2EWIGMTDXXVXO


 
Un cadavre est retrouvé dans le Pas de Calais. Une enfant... ou pas ?! Car, quand le légiste hésite à donner un âge au cadavre et hésite de surcroît entre 60 ans et 6 ans, il y a de quoi être troublé ! Si on ajoute à cela le retour en France de Nina, la fille du commissaire divisionnaire Edwige Marion, revenue clandestinement en Eurostar avec des vêtements tâchés de sang... et, pour finir, l'enlèvement d'un bébé, on se retrouve avec une intrigue d'une complexité sans nom ! Un beau "merdier" je vous le garantis !
 
Un tension permanente...

Quelques pages suffisent pour porter la tension à son paroxysme ! Je me suis mise à tourner les pages avec une telle frénésie que j'ai (presque) envisagé de ne plus dormir jusqu'à la dernière ligne tant ce roman est prenant.
 
Plusieurs éléments nous sont livrés au départ, de quoi y perdre son latin si l'auteure n'était pas aussi claire dans sa construction avec des chapitres courts. Mais, au fil des pages, tout trouve sa place et tout s'imbrique de façon finalement parfaitement logique.
 
Une ambiance lourde, noire, totalement anxiogène, sert ce roman aux rebondissements nombreux et déroutants. L'horreur est bien présente dans ces pages, l'auteure ne nous épargne absolument pas !
 
Un livre très "fouillé"...

"Dérapages" est mon premier roman de Danielle Thiéry, je ne connaissais donc pas la plume de cette auteure, je savais juste qu'elle avait été la première femme française à devenir commissaire divisionnaire (même fonction donc que son personnage récurrent Edwige Marion). Je m'attendais, de fait, à une vraie histoire de flics, avec une enquête rondement menée. J'ai été servie de ce côté là en effet, mais pas que ! Ce récit nous emmène bien plus loin qu'une simple histoire de gentils contre les méchants.
 
Sur fond de recherches scientifiques complexes sur le vieillissement des cellules, l'auteure nous balade dans une intrigue aux ramifications internationales. Le côté scientifique aurait pu devenir rapidement redondant, mais Danielle Thiéry ne tombe pas dans ce travers, elle explique bien et sans trop, on sent véritablement le travail de recherche effectué et cette recherche paye parce que l'intrigue en devient carrément captivante ! Telle une araignée méticuleuse, l'auteure tisse autour de son lecteur une toile parfaite dont il ne peut se défaire !
 
Un livre "dérapant"...
 
Quand une vraie commissaire divisionnaire nous emprisonne dans une intrigue à couper le souffle, on ne peut que déraper ! C'est parti donc pour une série de "Dérapages": dans une histoire forte, dans un monde impitoyable et dangereux, dans une science qui nous dépasse. Avec ce livre je vous assure que vous n'aurez pas fini de déraper, et il ne sera pas aisé de se relever à la fin !
 
C'est fort. C'est bon. C'est bien écrit. Bref, c'est à lire ! Effrayant et jubilatoire !
 



Editions: Versilio (21 mai 2015)
375 pages
19€










 
4ème de couv'

Un corps d'enfant, très déconcertant, est découvert sur une plage du Nord de la France. Un cas troublant, qui laisse totalement perplexes les médecins légistes. Même la commissaire Edwige Marion, qui dirige un important service de la PJ parisienne, n'a jamais rien vu de tel. Au même moment, Edwige Marion récupère sa fille Nina, choquée et couverte de sang. Elle a fui Londres et sa sœur Angèle. Nina est mutique. Angèle et son mari, un scientifique renommé, ont disparu. Quels peuvent être les liens entre cet enfant mort noyé, une adolescente, et un scientifique spécialiste du génome humain... Commence pour la commissaire Marion une enquête complexe, aux ramifications internationales, et qui va vite sombrer dans l'horreur. 
 
L'auteur
 
Après une brillante carrière dans la police - elle fut notamment la première femme commissaire divisionnaire - Danielle Thiéry se consacre à l'écriture. Plusieurs de ses romans sont traduits à l'étranger et ont reçu des prix, dont le prestigieux prix du Quai des Orfèvres (2013) Dérapages, son 20e livre, est son nouveau thriller.

mercredi 27 mai 2015

"Comme une ombre dans la ville" Nicolas Zeimet (Editions du Toucan)

http://www.amazon.fr/gp/product/2810006431/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2810006431&linkCode=as2&tag=blogpassthri-21&linkId=6JWDR3ZTI3F2MPEL


 
"Il y a quelque chose de déstabilisant à savoir que son futur fait également partie de son passé. Plus que le corps, je suis persuadé que le cerveau n'est pas insensible aux conséquences d'un tel paradoxe."
 
Quand j'ai ouvert ce livre je m'attendais à... Je ne sais pas à quoi d'ailleurs, vu que c'est mon premier livre de Nicolas Zeimet ! Mais en tout cas je ne m'attendais pas à cela du tout !!! Quand une légère dose de surnaturel s'immisce dans un roman je deviens totalement accro dès le départ, et ce livre ne fait pas exception à la règle... Ici ce sont les voyages spatio-temporels qui s'invitent dans la partie ! Jérôme serait-il comme les super-héros de ses comics, ceux qu'il a pour vocation de dessiner ? Aurait-il le don de voyager dans le temps et de changer le cours des choses ?
 
Un livre assez déroutant...
 
Il y a Jérôme. Il y a Kate. Il y a Kyle. Mais il n'y a qu'une seul fil conducteur: "le tueur des collines"... Celui qui ne s'attaque qu'à des femmes d'environ 35 ans, les étrangle et leur tranche les poignets.
 
Trois personnages pour trois parties dans ce récit. Une partie pour chacun, trois façon de voir les choses donc. Ce qui rend la lecture assez déroutante, c'est que l'auteur conserve à chaque changement de personnage l'utilisation du "je". Il faut donc non seulement s'habituer à un nouveau personnage, mais se faire à l'idée qu'on passe de la tête de l'un à celle de l'autre. Ceci aurait pu être dérangeant mais il n'en est rien, juste un zest déroutant au départ ! La qualité d'écriture fait que la transition s'opère quasi naturellement, comme si passer de la tête d'un homme à celle d'une femme était chose aisée. Nicolas Zeimet jongle de l'un à l'autre de ses personnages avec une facilité étonnante, ce qui coupe l'herbe sous le pied de toute sensation de malaise que ce style pourrait provoquer chez le lecteur.
 
Un livre impossible à lâcher...
 
Une fois pris dans les mailles du filet, il devient impossible de quitter ce récit. La magie commence à opérer avec Jérôme, ce jeune homme idéaliste qui espère nettoyer les rues de San Francisco grâce à son "super pouvoir". Un tueur sévit et qui serait mieux placé qu'un super-héros comme lui (même s'il se défend de l'être dès le départ) pour le stopper dans ses agissements ? Puis vient le personnage de Kate, une "nana" moderne qui cache bien des secrets dans son passé et un malaise évident dans son présent. Une femme libre et libérée... ou pas ! Et, pour finir, nous voilà face à Kyle. Qui est ce garçon ? Il faudra attendre la fin du livre pour le savoir, parce que c'est là que j'arrête toute explication...
 
Un style bien personnel...
 
Comment définir le style de Nicolas Zeimet ? J'en suis bien incapable car il est totalement atypique et inédit. Cette façon de narrer une histoire au travers de trois visions bien distinctes et diamétralement opposées, est un exercice de style délicat mais totalement addictif quand il est bien mené ! Or là c'est bien le cas: il est mené avec brio même ! L'auteur s'adapte à la perfection au caractère de chacun de ses personnages, un peu comme si trois personnes différentes avaient écrit ce récit, ce qui confère une puissance et une dimension percutante à l'histoire. Une certaine empathie arrive même à pointer le bout de son nez face à ces héros, anti héros et/ou personnes "normales"...
 
Que dire de l'intrigue sinon qu'elle est quasiment reléguée au second plan ? Elle est présente, parce que c'est le fil conducteur du récit, mais pas essentielle pour autant. C'est bel et bien la description de l'humain qui prévaut ici...
 
Ce livre, totalement hors norme, j'aurais du mal à le caser dans une catégorie préétablie. Je le mets dans la catégorie thriller par défaut, parce que l'intrigue s'y prête, mais il est bien plus que cela. C'est véritablement une Histoire avec un grand H qui nous est offerte, et une très belle histoire (au sens noir du terme). Une vraie réussite !
 
 
 
 

Editions: Toucan noir (mai 2015)
464 pages
19€90



4ème de couv'
 
San Francisco, Californie. En l'espace de quelques semaines, plusieurs femmes présentant le même profil sont assassinées. Toutes blanches, toutes âgées d'environ trente-cinq ans. Sur les lieux du crime, le tueur laisse pour seul indice une entaille sur le poignet de ses victimes. Volonté de maquiller les meurtres en suicides ou signature d'un tueur méticuleux ? Jérôme Dubois, jeune auteur de BD d'origine française venu s'installer aux Etats-Unis pour faire carrière, se retrouve malgré lui mêlé aux agissements du tueur. Un criminel qui semble invisible et qu'on surnomme désormais «le tueur des collines». L'enquête piétinant, il décide de s'y intéresser, trouvant aussi là un moyen d'ajouter du piment à sa vie. Mais le jeu se retourne vite contre lui et le chasseur devient la proie. Alors que les meurtres s'enchaînent dans la ville terrorisée, c'est tout l'univers bien ordonné de Jérôme qui s'effondre. Mais, à l'image de ces super-héros dont il conte les aventures, Jérôme est un homme qui a de la ressource...

dimanche 24 mai 2015

"Le baptême des ténèbres" Ghislain Gilberti (Editions Anne Carrière)

http://www.amazon.fr/gp/product/2843377412/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2843377412&linkCode=as2&tag=blogpassthri-21&linkId=EGNO6XGMFTEZNO3I
 
 
 
Des crimes atroces... Victimes: des femmes entre 20 et 30 ans. Profil des victimes: identique. Caractéristiques des crimes: énucléation, ablation des paupières, sourire "dessiné" sur le visage à l'aide d'une lame tranchante, viol à l'arme blanche... Et tout ceci, c'est bien évidemment avant que les choses prennent de l'ampleur et que le modus operandi soit modifié et revu "à la hausse" ! Eh oui, vous venez de comprendre: l'auteur ne nous épargne rien dans cette avalanche d'horreur qui s'abat sur nous, pauvres lecteurs que nous sommes, aux prises avec un assassin hors pair et un auteur sans limite !
 
De vrais personnages attachants...
 
Comme je n'aime pas faire comme tout le monde, je suis entrée dans le monde fou de Ghislain Gilberti en passant par la deuxième porte, gardant "Le festin du serpent"* pour la fin. Un choix fait volontairement, je souhaite découvrir les personnages un par un, afin de les retrouver ensemble à la fin. J'ai donc fait connaissance avec Cécile Sanchez dans cet opus et quel régal, quel plaisir, quel personnage ! Franche, directe, directive, efficace et redoutable... Un véritable coup de cœur concernant cette femme flic (et psychologue) qui ne s'en laisse pas conter.
 
Mais un coup de cœur pareil pour un personnage ne peut s'opérer que grâce à la magie de l'auteur bien évidemment, et Ghislain a cette particularité de nous décrire ses personnages de sorte que de fictifs ils deviennent presque palpables. Il crée une véritable proximité entre eux et nous, Cécile devient donc la "copine" qui nous fait "entrer" dans la tête du tueur en série le plus redoutable que la capitale puisse avoir dans ses murs, ou plus exactement dans ses bas-fonds...
 
En véritable profiler, elle nous entraine dans les méandres d'un personnalité noire s'il en est. Machiavélique. Morbide. Une véritable descente aux enfers de la psyché !
 
Une intrigue à couper le souffle...
 
Dès les premières pages on est dans l'ambiance ! Les meurtres sont sanglants à souhait, la tension est rapidement à son comble et je me suis demandé si l'auteur arriverait, du coup, à tenir ce rythme tout au long de son récit. Tout démarre tellement sur les chapeaux de roues qu'il devient difficile de maintenir cette tension et pourtant...
 
Avec une intrigue à couper le souffle, Ghislain Gilberti nous "scotche" à ses pages comme des mouches sur un papier tue-mouches ! Impossible de s'en défaire, de lâcher prise ! On est littéralement happé par un récit captivant, noir et angoissant. Ce tueur des catacombes nous effraie, nous "dévore", hante même nos nuits qui deviennent blanches !

Des chapitres courts donnent ce rythme infernal au récit et l'écriture fait le reste ! Une plume magnifique, saisissante de réalisme (malgré un scénario totalement improbable), nous fait plonger dans un monde terrible, celui des dessous de Paris où le tueur nous entraine bien malgré nous mais par la volonté propre de son créateur, afin d'augmenter la pression, celle qui provoque des poussées d'adrénaline incontrôlées et incontrôlables. Un vrai tour de force réussi avec brio par ce maitre incontesté du thriller sanglant: nous mettre face à nos peurs les plus ancestrales...

Bref, tout y est !!!

A l'instar des auteurs anglo-saxons, Ghislain nous entraîne dans les méandres de la noirceur humaine avec, en prime, un tueur en série de la pire espèce. Ceci dit, il n'a rien à envier à ses homologues d'outre-Atlantique, car il a un véritable don ! De l'or dans sa plume ! Il offre ici un récit à la tension poussée à son paroxysme, un récit qui m'a littéralement bluffée et dont je garantis qu'il est impossible de ressortir indemne, et encore moins de ne pas tomber en extase devant le talent de l'auteur !

Totalement addictif !!!

*Trilogie composée de "Le festin du serpent", "Le baptême des ténèbres" et "Le bal des ardentes"
 


 


Editions: Anne Carrière (Octobre 2014)
417 pages
21€

4ème de couv'
 
Cécile Sanchez, commissaire de police spécialisée en criminologie, en analyse comportementale et en interprétation du langage non verbal, dirige une section d'élite de l'OCRVP, l'Office central pour la répression des violences aux personnes. Elle traque les criminels les plus dangereux et déviants de l'Hexagone. Entourée par un médecin-légiste aussi compétent qu'excentrique, un groupe méticuleux de la police scientifique et une section d'assaut structurée en meute, Sanchez devra cette fois percer les arcanes d'un tueur au psychisme atypique. Celui qui est rapidement surnommé " le Ramoneur " au sein des services de police, à cause de son penchant pour pénétrer ses victimes à la lame, signe ses actes en dessinant sur les visages des suppliciées un masque mortuaire à l'esthétique sanglante. Alors que les enquêteurs luttent pour travailler à couvert, en retardant au maximum la fièvre médiatique, le tueur va accélérer la cadence et modifier son mode opératoire jusqu'à atteindre un niveau de barbarie insoutenable. Au fil des investigations, la commissaire va plonger au cœur d'un dossier ténébreux. Heureusement, un spécialiste des profondeurs va la rejoindre en chemin et jouer le rôle d'un Virgile des temps modernes.

vendredi 22 mai 2015

"Sans raison" Mehdy Brunet (Editions Taurnada)




Je me demande si tout n'est pas dit dans la couverture... Evidemment non, sinon quel intérêt de lire le livre ? Et passer à côté serait dommage ! Cependant toute l'horreur de ces pages est contenue dans le visage de cette petite fille. Une couverture qui m'a interpellée et qui a motivé ma descente aux enfers. Une couverture dérangeante, il fallait oser ! Mais le contenu me direz-vous ? J'y viens, mais pour une fois je ne pouvais pas passer à côté de quelques mots sur... la couverture !

Un livre malsain mais...

Dès les premières pages on est dans l'ambiance ! Alors que Josey assiste à un match de football avec son fils, sa femme et sa fille de 8 ans sont enlevées. Quand il rentre chez lui, il trouve une maison vide avec d'évidentes traces de violence. Pire, il reçoit rapidement une vidéo montrant le viol de sa femme par plusieurs hommes et ce sous les yeux de sa fille.

Un passage très dur à passer, malsain s'il en est et décrit de façon si imagée qu'on a l'impression d'y assister en direct, tel un snuff movie... Mais, une fois ce cap passé, le côté voyeur que l'on peut avoir ressenti disparaît pour laisser place à une véritable histoire prenante, dévorante. Parce que Mehdy Brunet nous entraîne loin dans l'horreur et dans l'idée de vengeance !

Un livre qui impose des questions...

La vengeance... Quel homme n'aurait pas envie de venger la mort de sa famille, surtout face à des images aussi dures ? C'est la question que l'on ne peut que se poser !

Pour Josey en tout cas, la question ne se pose pas. La police fait son travail, lui fera le sien et en famille ! Avec l'aide de son père et de son grand-père. Des révélations se font au fil des pages mais face à la douleur et l'envie de vengeance, une certaine cohésion, voire une cohésion certaine, se fait dans cette famille. Ces hommes sont soudés face à leur nouveau destin. Telle une obsession, ils se doivent de réussir ! Vont-ils y arriver ? Le mystère restera entier jusqu'à la fin...

Un livre fort...

C'est réellement un premier roman ? Je me suis posé la question car je n'y ai trouvé aucune fausse note ! Aucune maladresse ! Tout est parfaitement maîtrisé ! Jusqu'à toutes les émotions par lesquelles l'auteur fait passer son lecteur: peur, angoisse suprême, colère, révolte, envie de se venger par procuration, tout y passe ! Alors je n'ai qu'une envie maintenant (à part peut-être lire quelque chose de plus léger) c'est de dire bravo ! Si le but recherché était de mettre le lecteur mal à l'aise et en colère avec des mots, juste des mots hein puisque c'est de la fiction ne l'oublions pas, eh bien c'est une vraie réussite !
 

 

4ème de couv'

Je suis dans cette chapelle, avec ma femme et mes deux enfants, je regarde le prêtre faire son sermon, mais aucun son ne me parvient.

Je m'appelle Josey Kowalsky et en me regardant observer les cercueils de ma femme et de ma fille, mon père comprend.

Il comprend que là, au milieu de cette chapelle, son fils est mort. Il vient d'assister, impuissant, à la naissance d'un prédateur.

jeudi 21 mai 2015

"Enragés" Pierre Gaulon (Fleur Sauvage)


 
Inconditionnelle de Pierre Gaulon, au premier rang de ses adeptes depuis son premier roman ("La mort en rouge"), je "m'amuse" à le suivre dans ses pérégrinations. Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit: du polar ("La mort en rouge") au thriller psychologique ("Noir ego"), en passant par l'héroïc fantasy ("Blizzard, le secret des esthètes") pour finir aujourd'hui dans le roman horrifique ! On peut dire qu'il a plus d'un tour dans son chapeau, et plus d'une corde à sa plume ! Pierre est un auteur qui ne cessera jamais de me surprendre !!!

Alors autant annoncer la couleur de suite: je n'aime pas les zombies ! les "Walking dead" et autre "Nuit des morts vivants", c'est pas du tout mon truc ! Pas parce que j'ai peur, mais parce que je trouve ça juste "Pouah c'est dégueu"... Et pourtant voilà, parce que c'est Pierre, parce que je suis curieuse, parce qu'on ne sait jamais (au cas où je me serais découvert une nouvelle passion par exemple...), je suis partie à la rencontre de ces "mecs pas super cools" ! Et à ce niveau là j'ai été servie !!! Les "mecs pas super cools" il y en a plein les rues, plein les pages ! Une véritable pandémie qui s'abat sur la France à une vitesse vertigineuse ! Et je vous garantis que Pierre ne ménage pas ses effets, il nous emmène dans un véritable enfer terrestre ! Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai vérifié en me couchant que tout était bien verrouillé chez moi mais presque... Et, Ô surprise, je me suis prise au jeu ! J'avais le choix ? Non, pas trop ! Parce que dès les premières pages la couleur est annoncée et que j'ai foncé tête baissée ! Tête baissée dans le monde surnaturel de ces morts vivants, tête baissée dans la vie de ces rares survivants qui affrontent l'horreur...

Il y a d'abord Louis. Le gentil garçon qui se retrouve piégé chez lui, dans un quartier où "tout fout le camp" (cause: invasion de zombies).

Il y a Lucas ensuite. Le bad boy qu'on finit par plaindre, parce que pour lui aussi tout fout le camp quand il se fait attaquer par... un zombie ! (J'avais prévenu qu'ils étaient partout !)

Et, par chapitres alternés, l'auteur nous fait vivre leur vie respective. Pas plus glorieuse l'une que l'autre il faut bien l'avouer, et aussi flippante l'une que l'autre je le reconnais ! Mais il ne se contente pas de décrire l'horreur dans laquelle vivent ses personnages, il joue aussi énormément sur la psychologie de chacun d'eux, leur panique devient vite la nôtre. Il adapte également les codes du thriller à ce récit horrifique de monde apocalyptique, on passe d'un huis-clos pesant à un meurtre qui n'en est pas forcément un, mais qui nous entraîne dans les affres de la vie du "meurtrier". Bref, il nous fait vivre une horreur sans nom !

Tout va à un rythme d'enfer, les pages défilent et l'angoisse monte crescendo ! Normal quand on est entouré par une si bonne compagnie... Et c'est là que tout ce que je déteste a fini par devenir prenant, passionnant même parce que servi par une plume que j'adore. Il faut bien l'avouer, sans cette plume, je ne sais pas si j'aurais tenté l'aventure... Mais voilà, le style de Pierre étant là, cette aventure je l'ai suivie, je l'ai vécue et avec une intensité que je n'aurais pas imaginée au départ. Je me suis prise au jeu de cette vague de fin du monde, de cette violence insoupçonnable. Tout ça avec mon côté "fleur bleue", mais je ne vous dirai évidemment pas si happy end il y a ! Je vous laisse plonger dans l'univers infernal de ce livre et vous garantis qu'en ressortir indemne est impossible !
 
Voilà ce qui vous attend ! Des "gentilles bébêtes" qui vont vous faire frémir ! Parce que ce livre est très bon et qu'il est à lire (pour les adeptes du genre mais aussi les autres) ! Alors bon courage et... bonne dérive en enfer !!!








Editions: Fleur Sauvage (mai 2015)
Collection: Thriller
240 pages
16€80

4ème de couv'
 
Et si les histoires de zombies n'étaient que des jeux de miroirs ? Et si le plus effrayant se révélait être au fond de nous ? Jouant avec les codes du récit horrifique, le talentueux Pierre Gaulon (La mort en rouge, Blizzard...) nous livre ici un ouvrage haletant, misant aussi bien sur la psychologie de ses personnages que sur la probabilité des faits. Un grand thriller, doublé d'un excellent roman.
 

Biographie de l'auteur

 
Né en 1983 et demeurant à Pélissanne (dans les Bouches du Rhône), Pierre Gaulon auto-publie d'abord, en 2006, un écrit dérangeant sous fond de crise existentielle : Tendres Tortures, La mort en rouge, publié chez City, constitue son deuxième roman. L'ouvrage est un tel succès qu'il sera repris en collection Pocket. Noir Ego, toujours chez City, confirme le talent de cet auteur dont l'année 2015 s'avère riche de sorties, telles que sa participation au recueil Silencieuse Et Perfide (Fleur Sauvage), le premier tome de la saga Blizzard (Mnémos) ou le mordant Enragés (Fleur Sauvage).

lundi 18 mai 2015

"Maman a tort" Michel Bussi (Presses de la Cité)




"Maman a tort", ou quand un doudou vous raconte de belles histoires qui font un peu peur...

Quand un enfant de trois ans et demi prétend que sa maman n'est pas sa maman, il y a urgence, il faut intervenir et trouver rapidement la vérité ! Vasile, le psychologue de l'école de Malone croit en lui, en son histoire. Il contacte donc Marianne, une femme flic qui a déjà en charge un gros dossier de braquage. L'urgence résidant dans le fait que la mémoire des enfants de moins de quatre ans est fragile, qu'elle s'efface rapidement, il faut agir vite ! Intriguée par ce psy un peu particulier et par cette histoire un peu bizarre, Marianne va donc mener son enquête. Le compte à rebours peut commencer, en prenant des allures de conte pour enfant au départ, pour finir par des allures de thriller psychologique pour adulte averti...

Une histoire émouvante. Attachante...

Michel Bussi joue avec nos nerfs.

Qui est ce petit Malone qui parle avec son doudou ? Oui, vous avez bien compris, il parle AVEC son doudou, pas à son doudou. Un véritable dialogue qui donne l'impression d'être dans un conte fantastique, un peu effrayant certes mais surtout diaboliquement efficace ! A la fois enfantin (sans jamais tomber dans le côté "nunuche") et réaliste, ce récit se termine même sur une touche de réelle réflexion... Avec des histoires à "dormir debout", l'auteur sait nous mener dans l'univers de ce petit garçon, un univers rempli de malaise ! Une part d'enfance retrouvée, un côté protecteur qui s'immisce insidieusement face au mal-être de ce gosse, tout est là pour tenir le lecteur en haleine (et parfois en apnée) dans ce récit joliment mené et parfaitement diabolique.

Mais l'histoire de Malone n'est pas la seule présente dans ces pages, il y a aussi l'enquête principale de Marianne. Un braquage qui a mal tourné avec deux suspects en fuite...

Un conte pour enfant et un polar... Ça peut donner quoi à l'arrivée ?

Un thriller psychologique d'une efficacité redoutable !

En entamant ce livre je m'attendais à lire un roman à suspense... Je suis finalement tombée sur un thriller ! Un "gentil" thriller au début mais qui, au fil des pages, devient un véritable modèle du genre !

Oh rien de gore ici, ce n'est pas dans le style de l'auteur ! Avec une plume douce et délicate, il joue plutôt la carte de la psychologie. Et il la joue avec un symbole fort: celui de la maternité. Mettant en scène un enfant de trois ans et demi et une femme à l'aube de la quarantaine qui rêve de devenir maman, il nous offre donc un véritable thriller psychologique d'une profonde intensité. Un récit à la fois captivant, enivrant, et totalement addictif !

Avec cette belle histoire de petit garçon aux deux mamans, il tisse autour de ses lecteurs une véritable toile de plus en plus dense ! Machiavélique et magnifique, violent et doux, triste et beau, ce récit ne peut laisser personne indifférent, pas même les hommes, qui ont pourtant un sens moins inné de la maternité que nous, les femmes... Michel Bussi a en effet écrit un livre qui va bien au-delà de la maternité, il s'agit véritablement d'un récit profondément humain et humaniste, qui joue avec tous les codes de l'amour filiale. Au delà de la dualité homme-femme, il y la vie. Celle d'un enfant étant toujours la plus précieuse...

Un dénouement bien amené. Surprenant...

Évidemment rien ne semble relier les péripéties du petit Malone et l'enquête de Marianne, cependant tout indique que les deux vont se rejoindre d'une manière ou d'une autre. Les premières pages d'abord puisque dès le départ on le sait, la logique ensuite: il ne peut en être autrement... Cependant l'auteur distingue parfaitement ces deux enquêtes dans plus de la moitié du récit, rien ne laisse soupçonner la façon dont il va relier les faits et on se demande réellement où il va nous mener ! Un véritable jeu de piste (non fléché, ce serait trop simple !) parce qu'à aucun moment on ne se doute ! Oh évidemment on essaie ! On suppose, on suppute, on conjecture, on devine et... bien entendu on se trompe ! Car, je l'ai déjà dit, Michel Bussi joue avec nos nerfs, mais également avec nos émotions, et c'est avec brio qu'il nous entraîne sur cette route tortueuse, à l'issue insoupçonnée et insoupçonnable. A la fin tout s'imbrique parfaitement, parce que rien n'a été laissé au hasard, toute l'intrigue est parfaitement maîtrisée ! Étrangement réaliste et machiavélique...

"Maman a tort" est un récit d'une densité rare qui a su éveiller, chez la maman que je suis, toutes les émotions possibles et imaginables. Tristesse, révolte, amour, peur, et bien d'autres encore car la liste n'est pas exhaustive ! Un thriller psychologique fort, exactement comme je les aime !

Quand, arrivé à la fin, vous devrez choisir entre "condamné" ou acquitté", quel choix ferez-vous ? Moi j'ai choisi mon camp: celui du coup de cœur ! Parce qu'il n'y a rien de plus beau que l'amour d'un enfant...

Puissance et délicatesse menés de front, ça ne peut que donner de l'excellence ! Un livre à la fois poignant et captivant. Magistral !!!



 



Editions: Presses de la cité (mai 2015)
512 pages
21€50

 
4ème de couv'
 
Mardi 2 novembre 2015. Lorsque Vasile, psychologue scolaire, se rend au commissariat du Havre pour rencontrer la commandante Marianne Augresse, il sait qu'il doit se montrer convaincant. Très convaincant. Si cette fichue affaire du spectaculaire casse de Deauville, avec ses principaux suspects en cavale et son butin introuvable, ne traînait pas autant, Marianne ne l'aurait peut-être pas écouté. Car ce qu'il raconte est invraisemblable : Malone, trois ans et demi, affirme que sa mère n'est pas sa vraie mère. Sa mémoire, comme celle de tout enfant, est fragile, elle ne tient qu'à un fil, qu'à des bouts de souvenirs, qu'aux conversations qu'il entretient avec Gouti, sa peluche... Vasile le croit pourtant. Et pressent le danger. Jeudi 4 novembre 2015, tout bascule. Le compte à rebours a commencé. Qui est Malone ?
 

Biographie de l'auteur

 
" Mes lecteurs, je dois les emmener au bord du précipice, les lâcher, les rattraper au dernier moment... " 5ème auteur français le plus lu en 2014 (8ème en 2013) 1er auteur français de romans policiers en 2014 Source GFK / tous formats. Plusieurs de ses romans vont être portés à l'écran, et déjà quarante-deux traductions pour ses quatre précédents romans. Professeur de géographie à l'université de Rouen, Michel Bussi vit à Darnétal (76). Il a publié aux Presses de la Cité " Nymphéas noirs" (polar le plus récompensé en 2011), " Un avion sans elle" (Prix des maisons de la presse 2012), " Ne lâche pas ma main", "N'oublier jamais" et " Gravé dans le sable".
 

vendredi 15 mai 2015

"Les disparues du marais" Elly Griffiths (Presses de la Cité)

 
 
 
Ruth est archéologue, et quand un corps est retrouvé dans les marais, c'est à elle que l'inspecteur Harry (Nelson, pas Clint Eastwood...) fait appel pour dater le décès. En effet une fillette a disparu dix ans plus tôt et Harry, en charge de l'enquête, voit peut-être dans la découverte de ce corps une fin à cette longue et douloureuse affaire. Mais le corps retrouvé date de l'âge du fer... et une autre fillette disparaît... L'enquête est donc de nouveau d'actualité et Ruth va y prendre une part importante.
 
Une tension palpable...
 
Entre archéologie et croyances nordiques, Elly Griffiths sème un suspense qui monte crescendo, le tout avec une tension palpable. Réelle. Dérangeante. Obsédante. Le lieu n'est pas anodin dans cette tension, se perdre au milieu des marais peut s'avérer dangereux, le moindre faux pas et on meurt. Noyé. Ou pire... Mais cette tension, on la doit aussi à la plume de l'auteure qui distille à dose homéopathique les éléments permettant d'avancer.
 
La question toujours présente à l'esprit au fil des pages est évidemment "qu'est-il arrivé à ces fillettes disparues ?". L'enquête semble avoir un peu de mal à évoluer, de fausses pistes en rebondissements inattendus, l'auteure aime nous perdre dans son intrigue comme dans les marais. Et, pour ajouter un peu de trouble supplémentaire, elle nous livre quelques passages, rares mais troublants, semblant tout droit sortis de la tête d'une enfant. Mais quelle enfant ? L'une des disparues ? Le mystère reste entier du début à la fin...
 
Du "déjà vu" revisité...
 
L'intrigue n'est pas foncièrement originale: des fillettes qui disparaissent dans un thriller c'est un sujet qui a maintes fois été traité, cependant Elly Griffiths l'aborde de façon totalement novatrice en le mêlant à une vraie leçon d'archéologie. Ceci aurait pu être rébarbatif, lourd, mais il n'en est rien car les chapitres sont courts, les personnages traités avec beaucoup de précision et d'humanité, ce qui confère un véritable intérêt au récit. Et quand le passé rejoint le présent, que les légendes deviennent réelles, cela donne un récit totalement diabolique et captivant.
 
Le personnage principal, Ruth, est une femme qui a des problèmes liés à son physique, à son enfance, à ses parents. Au fil des pages une vraie empathie se crée et la suivre dans les marais, dans l'enquête, dans les fouilles, devient un plaisir de chaque instant.
 
Que sont devenu ces fillettes ? Y a-t-il une histoire bien pire qui se cache derrière les apparences ? C'est en ouvrant ce thriller psychologique que vous le saurez ! Que serions-nous capable de faire finalement pour ne pas être seul ?

Un livre très documenté...
 
Pas un chef d'œuvre mais un vrai bon moment de lecture ! Et, pour un premier roman, on pardonnera certaines maladresses (voire invraisemblances), qui sont à mettre sur le compte d'une légère inexpérience de l'auteure. On le pardonne d'autant plus que ce livre est extrêmement documenté, on sent bien l'énorme travail de recherches qui a été fait pour arriver à être crédible au moment de lier l'intrigue à ce passé si lointain, à ces légendes nordiques. Un premier roman prometteur donc !
 
 
 
 

Editeur: Presses de la cité (mai 2015)
Collection: Sang d'encre
320 pages
21€50

 
4ème de couv'

Ruth Galloway, professeur d'archéologie à l'université, vit seule dans un coin isolé du Norfolk, à la lisière d'une zone marécageuse, proche de la mer. Le jour où l'inspecteur Harry Nelson découvre un squelette dans les marais, il fait appel à son avis d'experte. Alors qu'il espère avoir enfin retrouvé le corps de Lucy, une fillette disparue dans la région dix ans plus tôt, Ruth est catégorique : les ossements datent de l'âge de fer et proviennent très certainement d'une jeune fille victime d'un sacrifice. Mais bientôt, une autre enfant disparaît et d'étranges lettres anonymes laissent penser qu'il y a un lien entre elle, Lucy et la sacrifiée du marais. Peu à peu, Ruth se retrouve mêlée à l'enquête d'une façon beaucoup plus intime qu'elle ne le soupçonnait...

Biographie de l'auteur

 
Née à Londres, diplômée en littérature anglaise et ancienne éditrice, Elly Griffiths vit aujourd'hui près de Brighton avec son mari archéologue et leurs deux enfants. Les Disparues du marais est son premier roman policier.

 


jeudi 14 mai 2015

"L'innocence des bourreaux" Barbara Abel (Belfond)


 
Ouvrir un livre de Barbara Abel c'est comme ouvrir une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber mais on sait d'avance que cela va être bon, très bon ! Eh bien "L'innocence des bourreaux" ne fait pas exception, c'est un pur régal !!! On retrouve une Barbara plus manipulatrice que jamais !
 
Trois livres en un, parce que Barbara est généreuse !
 
Livre 1 - Une découverte tout d'abord d'un monde parfaitement hétéroclite. Des personnages que rien ne semble lier, un véritable panel de gens comme les autres ! Et pourtant...

Il y a le junkie, la vieille dame acariâtre et son aide ménagère, la jeune maman célibataire, le couple adultère, le caissier de la supérette. Tous ont leur histoire propre, singulière s'il en est, parce que Barbara, ne l'oublions pas, est machiavélique. Alors ces personnages, ils n'ont rien de simple dans leur vie, contrairement aux apparences. Et les apparences avec cette auteure, on sait qu'il faut s'en méfier, qu'elle sont TOUJOURS trompeuses !
 
Livre 2 - Un braquage d'une supérette. Simple, commun finalement dans ce monde de fous. Mais tous les braquages ne tournent pas comme celui-ci... Heureusement d'ailleurs...
 
Livre 3 - Puis le troisième livre serait le retour sur les personnages. Et c'est bien évidemment là que toute la "magie Barbara" opère, avec la superbe plume qu'on lui connaît ! Une véritable succession de rebondissements tous plus inattendus les uns que les autres. Comme à son habitude, elle manipule ses lecteurs avec, de toute évidence, un plaisir non dissimulé ! Elle nous retourne comme des crêpes et, comme à chaque fois, on se fait "avoir". Parce que la fin, je mets quiconque au défi de la deviner ! Ne serait-ce qu'une infime partie. C'est purement impossible !!!
 
Barbara Abel... LA reine du thriller psychologique !!!
 
Bluffée comme à chacune de mes lectures de l'auteure, cela fait longtemps que je lui ai décerné la palme de l'auteur la plus diaboliquement machiavélique en matière de thriller psychologique. Elle n'a pas son pareil pour nous faire entrer dans la tête de ses personnages. Des gens normaux, des gens comme vous et moi, et pourtant des gens qu'elle malmène avec délectation: la sienne sûrement, la nôtre assurément ! Avec elle on devient acteur du livre, on quitte le statut de lecteur quand on prend pour soi les angoisses de chacun des protagonistes de ce récit.
 
"Comme si le diable avait pris possession de son âme."
 
Et le diable, ici, c'est bel et bien Barbara Abel, elle prend réellement possession de nos âmes ! Plus démoniaque que jamais, elle endosse le rôle de notre bourreau et nous devenons rapidement ses victimes consentantes ! Un véritable syndrome de Stockholm s'installe et, une fois le mot fin posé, un seul regret: que cela n'ait pas duré une centaine de pages de plus (preuve que ce syndrome a bien opéré) ! Parce que ces pages supplémentaires je les aurais bien volontiers prises...
 
En véritable maître du genre, elle nous livre un récit surprenant de réalisme, comme si ce qu'elle écrivait pouvait nous arriver un jour... "L'enfer c'est les autres"... Et si on appliquait ces mots dans un "Huis clos" ? Mais on ne peut appliquer les mots de Jean-Paul Sartre que dans une certaine limite car il a aussi écrit: "En somme, il y a quelqu'un qui manque ici: c'est le bourreau". Mais non, le bourreau on l'a bien... Il se cache sous la plume de cette auteure que j'aime suivre au fil de ses livres, tout simplement parce qu'elle arrive à nous surprendre à chaque fois, qu'elle est toujours là où on ne l'attend pas, et ce pour notre plus grand plaisir !
 
Un huis clos oppressant. Surprenant. Passionnant. Un vrai "l'Abel" !
 
Dans ce huis clos Barbara décrit avec brio les parcelles les plus sombres de l'âme humaine. Bourreaux, victimes, la frontière est parfois si mince, la différence si infime... Un frontière minime qu'il est si aisé de franchir finalement, et cela en est carrément effrayant !!!
 
Le "l'Abel Barbara" a encore une fois fonctionné ! Je suis tombée sous le charme ! Un livre captivant du début à la fin, un plaisir immense au fil des pages, une réussite totale !

 
 

Editeur: Belfond (mai 2015)
336 pages
18€50

 
 
4ème de couv'
 
Dans une supérette de quartier, quelques clients font leur course, un jour comme tant d'autres. Parmi eux une jeune maman qui a laissé sa fille de trois ans seule à la maison devant un dessin animé. Seulement quelques minutes le temps d'acheter ce qui manquait pour son repas. Parmi eux, un couple adultère, parmi eux une vieille dame et son aide familiale, un caissier qui attend de savoir s'il va être papa, une mère en conflit avec son adolescent... Des gens normaux, sans histoire, ou presque. Et puis un junkie qui, à cause du manque, pousse la porte du magasin, armé et cagoulé pour récupérer quelques dizaines d'euros. Mais quand le braquage tourne mal et que, dans un mouvement de panique, les rôles s'inversent, la vie de ces hommes et femmes sans histoire bascule dans l'horreur. Dès lors, entre victimes et bourreaux, la frontière est mince. Si mince... 

Biographie de l'auteur

Née en Belgique en 1969, Barbara Abel est férue de théâtre et de littérature. À 23 ans, elle écrit sa première pièce de théâtre. En 2002, son premier roman, L'Instinct maternel, lui vaut de recevoir le Prix Cognac. Aujourd'hui, ses romans sont adaptés à la télévision et traduits dans plusieurs langues. C'est chez Belfond qu'elle a décidé de publier son dixième roman.

lundi 11 mai 2015

"Les variations fantômes" Régis Descott (JC Lattès)



Quoi de mieux pour appréhender ce livre que de passer un week-end dans une vieille demeure au parquet qui grince, aux portes qui claquent au moindre courant d'air, une demeure perdue en pleine campagne ? Inutile de dire que, pour partir à la conquête des fantômes, j'étais dans le contexte idéal !
 
Le docteur Morel et ses six "apprentis médium" sont conviés au château de l'Etoile pour découvrir d'où viennent les phénomènes pour le moins étranges et surnaturels, qui troublent quelque peu le quotidien des nouveaux propriétaires des lieux. Une aventure surprenante. Addictive. Dangereuse.
 
Un livre à l'atmosphère pesante...
 
C'est un véritable séjour dans un château hanté que nous offre ici Régis Descott. Un séjour qui n'est pas sans m'avoir rappelé mes premières frayeurs d'enfant dans ces attractions de fêtes foraines. Mes premières tentatives aussi de repousser les limites de la peur dans les soirées entre amis, ces soirées que l'on fait à quinze ans pour essayer de faire tourner une table, appeler un esprit, avec toujours le petit malin qui arrive à faire un bruit ou un geste qui passe inaperçu dans le noir et qui fait ressembler votre rythme cardiaque à une bruit de cheval au galop...
 
Alors quand un lustre bouge tout seul, qu'un piano se met à jouer du Schubert, que des boules de billard s'activent sur leur table sans raison, il y a de quoi flipper un peu non ? Même la "lectrice blindée" que je suis, celle qui ne lit que des thrillers et qui aime se faire peur, a tremblé ! Je me disais, en ouvrant ce livre, qu'un petit fantôme de rien du tout n'allait pas m'effrayer... Eh bien si ! Je suis revenue au stade de l'adolescente qui lit son premier Stephen King dans une semi pénombre pour trembler un peu plus. Le choix du lieux pour ouvrir ce livre n'a d'ailleurs pas été anodin... Un lieu idéal pour entrer dans un récit à l'atmosphère lourde, pesante, angoissante.
 
"Atmosphère, atmosphère... Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?". Oui, ce livre a véritablement une "gueule d'atmosphère" et je vous garantis que cela n'a rien de reposant ! Parce que cette atmosphère, elle vous poursuit au fil des pages certes, mais elle ne vous quitte pas une fois le livre refermé ! Il est en vous, vous êtes en lui, une véritable osmose se crée et la dépendance n'a rien de fortuit. Ce n'est pas le hasard qui la crée, mais bel et bien la plume de Régis Descott !

Un livre parfaitement inclassable...

Le récit débute comme un roman (une mise en place un peu longue donc, sans pour autant que cela soit dérangeant , et qui trouve tout son sens par la suite), il se poursuit rapidement comme un roman fantastique, pour prendre une allure de roman à suspense et finir à la façon d'un thriller machiavélique où la tension est à son paroxysme (le dernier tiers du livre, celui qui file à 200 km/h et qui voit les morts s'amonceler...) ! Un roman totalement inclassable donc dans les cases "standards" mais finalement quelle importance ? L'essentiel étant bien qu'il soit prenant ! Du roman on en retrouve la construction, du récit fantastique on en retrouve la peur panique, et du thriller on en retrouve le suspense insoutenable. Et, malgré toutes ces constructions hétéroclites qui s'enchevêtrent, Régis Descott a réussi le pari fou de ne pas se perdre et, surtout, de ne pas perdre son lecteur ! Brillant exercice de style donc qui fait que ce livre est totalement atypique ! Mais l'auteur souhaitant le qualifier de roman, je me rallie à lui...
 
Un livre captivant, surprenant, inhabituel...
 
C'est avec une écriture simple, concise et fort agréable, que Régis Descott nous embarque dans ce huis-clos bien particulier. Un huis-clos aux personnages que l'on croit connaître, ceux qu'ils nous dépeint avec une aisance certaine, et ces personnages que l'on ne connaît absolument pas: ces fantômes qui hantent les lieux et nous hantent par la même occasion. Et, pour parfaire le tableau, il ne ménage pas ses effets, il nous prive de courant, de réseau téléphonique et nous enferme dans un brouillard glaçant...

Le récit est fait à la première personne (ce qui n'est pas sans ajouter une tension supplémentaire) par Serge, un narrateur parfois si éloigné des phénomènes surnaturels qui l'entourent, comme s'ils lui étaient étrangers, et parfois bien plus impliqué que tous ses acolytes ! Un récit qui prend aux tripes et qu'il devient vite impossible de lâcher tant on veut connaître le fin mot de l'histoire. Etant devenue, avec l'âge, très cartésienne, j'en arrivais presque à espérer un dénouement logique, en sera-t-il ainsi ? Je ne le dévoilerai évidemment pas, mais je garantis le frisson, le plaisir et l'addiction !!!

Un savant mélange de l'ambiance des premiers livres de Stephen King et des huis-clos d'Agatha Christie (l'auteur faisant lui même allusion au fameux "Dix petits nègres", que j'ai eu en tête tout le long de ma lecture), ce livre est à découvrir incontestablement ! Tel une partition, il va vous faire vibrer, des questions seront soulevées sur la vie au delà de la mort, et il restera en vous comme une mélodie agréable et inoubliable... Les fantômes de l'Etoile vont vous faire frissonner d'angoisse et de plaisir !
 
 
 
Editions JC Lattès (avril 2015)
346 pages
19€50
 
4ème de couv'

Ça commence par des claquements de portes. Des coups frappés contre les murs, un piano qui joue tout seul. À l'Etoile, vieux château perdu au fond des bois, les morts ne reposent pas en paix.
Pour le propriétaire, Philippe Wolf, riche financier habitué à ce que rien ne lui résiste, l'esprit qui le harcèle va devoir se soumettre ou disparaître.

C'est, le temps d'un week-end, la mission du Dr Morel, psychanalyste devenu médium, et de ses six apprentis aux dons mystérieux. Leila, l'infirmière discrète, la belle Vicky, agent immobilier dans le civil, Luca, le cuisinier italien, ou encore Serge, le pianiste solitaire. Ensemble, ils vont devoir comprendre ce qui s'est passé entre ces murs. Mais, à mesure que les indices s'accumulent, il devient de plus en plus difficile d'échapper à leur emprise.
Le vieux médecin pouvait-il ignorer dans quel labyrinthe il entraînait ses élèves ? Vaste jeu de miroirs, théâtre d'ombres et d'illusions, ce château est une étoile noire, qui n'a rien perdu de son pouvoir d'attraction. Il ne faudra qu'une étincelle pour l'embraser tout entière.
 

Biographie de l'auteur

 
Auteur de romans historiques et de thrillers psychologiques remarqués, (Pavillon 38, Obscura), tous publiés chez Lattès, Régis Descott se lance dans une véritable chasse aux fantômes, dont les résonances vous poursuivront longtemps.

vendredi 8 mai 2015

"Dragon rouge" Thomas Harris (Pocket)



J'avais envie d'un thriller puissant alors pourquoi ne pas repartir à la rencontre d'Hannibal Lecter ?
 
"Dragon rouge" est le premier volet de la tétralogie de Thomas Harris autour de son personnage clé: Hannibal le cannibale, le personnage sans aucun doute le plus "sympathique" de toute l'histoire du thriller... Cependant dans ce roman il n'a qu'un rôle assez secondaire, il aide Will à arrêter un psychopathe particulièrement dangereux et sanguinaire.
 
Une intrigue sympa...
 
Comme dans toute histoire de psychopathe, je me suis laissée séduire par ce j'appelle "ma came". Il y a des meurtres bien sanglants et une enquête bien menée, surtout par le personnage de Will qui a un petit côté attachant.
 
Le côté thriller psychologique assez lourd est aussi assez agréable, on entre bien dans la tête des différents personnages: du tueur aux enquêteurs, en passant évidemment par Hannibal Lecter. Mais...
 
Parce qu'il y a un mais ! C'est assez lent... Et ça, ce n'est plus du tout "ma came" !
 
Un livre assez dur à lire...
 
Le roman date des années 80 et je lui ai trouvé un léger côté "vieillot", j'ai eu du mal avec les longueurs et le style de l'auteur également. J'avais un excellent souvenir du "Silence des agneaux" et pourtant là je n'ai pas adhéré du tout à l'écriture hachée et difficile à appréhender. (Est-ce que je commencerais à devenir difficile ? Sûrement un peu...)

Pas à garder dans les annales de mes lectures favorites donc...



4ème de couv'

Une série de meurtres terrifiants secoue les États-Unis. Tous suivent le même rituel d'horreur, tous sont signés d'un mystérieux Dragon rouge. Un homme est sur une piste. Il s'appelle Will Graham. Il a déjà démontré par le passé sa curieuse aptitude à se mettre dans la peau des psychopathes, à adopter leur point de vue, à deviner leurs pulsions les plus secrètes. Dans cette sinistre traque, il doit rencontrer dans sa prison un autre monstre : le diabolique Hannibal Lecter. Pour Graham, commence alors une lente descente aux enfers, dans le sombre psychisme de ces meurtriers en série, au risque de s'y perdre...

mardi 5 mai 2015

"Une putain d'histoire" Bernard Minier (XO Editions)


 
"Une putain d'histoire" et putain que c'est bon !!!!
 
Mais quel genre d'histoire peut bien se cacher derrière un titre pareil ? C'est la question qui a éveillé ma curiosité, celle qui a fait que j'ai ouvert ce livre ! Et devinez quoi ? Je suis tombée sur une sacrée "putain d'histoire" !!!
 
J'ai embarqué totalement à l'aveugle dans ce récit. Comme d'habitude je n'ai lu que la quatrième de couverture qui, autant le dire de suite, ne révèle absolument rien de ce qui nous attend au fil de ces 520 pages. Un pavé certes, mais pour les frileux des longueurs (comme moi), ne paniquez pas: ça passe tout seul ! Et si la quatrième de couverture ne révèle rien, ne comptez pas sur moi pour en dire trop ! Ce serait dommage de gâcher une telle découverte. Je vais donc me contenter du stricte minimum...
 
Un putain de huis-clos époustouflant...
 
"Une île boisée au large de Seattle..."
 
C'est bien sur un île que Bernard Minier nous embarque. Une île simple, comme tant d'autres. Mais sur celle-ci les secrets sont présents, omniprésents même ! Et quand un adolescent de 16 ans se retrouve perdu au milieu de ces secrets, sa vie pourrait vite devenir un véritable enfer !
 
Deux mamans (eh oui, il a osé faire dans l'actualité Bernard, et avec une simplicité, une évidence telle, que c'est une véritable réussite ! Jamais il ne tombe dans le cliché et là je commence déjà à dire bravo). Un papa ? Sûrement, mais lequel ? Une petite amie ? Oui, normal à cet âge là ! Mais, la petite amie, on la perd dès le départ puisqu'elle est assassinée...
 
Voilà, le décor est planté. Tout est prêt pour embarquer dans une... "Putain d'histoire" !
 
Une putain d'ambiance...
 
Dès le départ l'ambiance est lourde à souhait. On étouffe sur cette île. On cherche son souffle, mais on ne le trouve jamais parce qu'on est pris dans le tourbillon d'une histoire à perdre haleine. Aucun temps mort une fois l'intrigue mise en place et putain que c'est bon !!!
 
Non seulement le décor est bien planté, mais que dire des personnages ? Juste qu'ils sont parfaits ! Il est absolument impossible de ne pas ressentir une véritable empathie pour Henry, ce jeune homme perdu au milieu d'une population parfois hostile, y compris dans le milieu familier et familial. Les méchants sont des vrais méchants (qui arrivent pourtant à être humains) et les gentils... ne sont pas forcément des gentils. Ne jamais oublier dans un roman qu'il faut toujours se méfier des apparences... Parce qu'il nous manipule bien Bernard Minier, et encore une fois, putain que c'est bon !!!
 
Ce livre est d'une densité à la fois rare et magique, magnifique et subtile. Il nous confirme qu'il faudra incontestablement compter sur l'auteur quand on parlera de nos grands auteurs français. Dans certains livres il y a du "trop", dans d'autre un certain "pas assez". Là il y a tout, ni trop, ni trop peu. Bernard a su trouver une juste mesure, un juste équilibre dans les choses: le développement de ses personnages, de son intrigue, du suspense qu'il distille à la manière d'un magicien des mots. Parce que ce livre est un véritable tour de magie: il y a ce que l'on voit, il y a ce que l'on devine, mais il y a surtout ce que l'auteur veut bien nous montrer et ce qu'il nous cache jusqu'au bout. On ne voit rien venir, et surtout pas la fin qui m'a laissée  sur le cul ! (je peux le dire ? Oui, je peux parce que... putain qu'elle est bonne cette fin !!! Je ne suis pas prête de m'en remettre !!!)
 
Un putain de récit parfaitement maîtrisé...
 
J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce livre, je l'avoue maintenant que j'en ai dit tout le "mal" que j'en pensais. Les cent premières pages m'ont paru longues, voire fastidieuses, et pourtant, plus j'avançais dans ma lecture et plus j'en ai compris l'intérêt. Une telle histoire n'aurait pu se raconter en peu de pages, il fallait poser l'intrigue, la laisser monter crescendo, le tout en maintenant le lecteur en haleine. Bernard Minier a réussi cet exercice avec une facilité, une aisance telle, que je me vois dans l'obligation de m'incliner ! De m'incliner et d'avouer aussi qu'il n'y avait là aucune longueur inutile, juste une nécessité d'installer une "putain d'histoire".
 
Monsieur Minier tu es un sacré putain de bon auteur ! Arriver à te mettre dans la peau d'un ado pour nous raconter cette "putain d'histoire" était un exercice de style difficile, mais un exercice que tu as réussi avec brio ! Chapeau bas l'artiste ! Tu es diabolique, machiavélique, manipulateur, bref, tout ce que j'aime par dessus tout !
 
Un putain de bouquin donc, qu'il ne faut surtout pas laisser passer !!! (Et pour ceux qui n'auraient pas encore lu les précédents opus de Bernard Minier, aucune importance, il s'agit d'un one-shot !)

Véritablement bluffant !!!
 


 
 
4ème de couv'

Une île boisée au large de Seattle...

"Au commencement est la peur. La peur de se noyer. La peur des autres, ceux qui me détestent, ceux qui veulent ma peau. Autant vous le dire tout de suite : Ce n'est pas une histoire banale. Ça non. c'est une putain d'histoire. Ouais, une putain d'histoire... "

Un thriller implacable.